"Pourquoi on ne peut pas acheter ce jouet ? On est pauvres ?"
#07 : Surconsommation, quand tu nous tiens.
Bonjour, c’est Amandine,
Vous êtes sur “La gifle”, la newsletter qui vous veut du bien ;) et dans laquelle je partage mes claques de maman pour vous aider à mieux répondre aux questions que vos enfants se posent.
Vous êtes près de 1400 🙏 à me lire, j’avoue que ça me donne un peu le trac parfois.
Sommaire :
Une petite gifle de mon fils : “Pourquoi on ne peut pas acheter ce jouet ? on est pauvres ?”
Ce que cache cette gifle : “Surconsommation, quand tu nous tiens ”
Les petits chiffres qui vont bien.
4 bonnes pratiques à adopter pour éviter les gifles de nos enfants.
Je vous raconte.
Samedi. 14H. Avec Léon, mon fils de 7 ans, on marche en direction de l’île de Puteaux (c’est son terrain de sport favori) quand il aperçoit un jouet qui lui plaît dans la devanture d’une boutique.
Léon – “Tu peux me l’acheter ce camion ? Je l’adore.”
Moi – “Non Léon, je ne vais pas te l’acheter”
Et la petite claque de début d’après-midi.
Lui – “Pourquoi ? On est pauvres ?”
(soupir mental) Un sujet sérieux en perspective et je n’avais pas du tout prévu ça en ce début de digestion.
Bon, en tout premier lieu, le rassurer. La pauvreté, c’est un sujet d’inquiétude chez lui, pas facile de comprendre pourquoi certaines personnes se retrouvent SDF par exemple.
Moi – “Non, on n’est pas pauvres, je pourrai te l’acheter ce camion, ce n’est pas une question d’argent.”
Lui – “Ben, pourquoi on ne l’achète pas, alors ?”
Moi – “Parce que tu as tout le temps envie d’acheter des jouets Léon.”
Lui – “Ben, ça me va.”
😅 Sourire complice, je ne doute pas un instant que cette situation lui convienne en effet ;)
Moi – “Tu as toujours envie d’un jouet que tu n’as pas, car acheter ça rend accro. Acheter, c’est comme avoir un paquet de bonbons entre les mains. On en a super envie alors on en mange un, et on n’a même pas fini de le manger que l’on est déjà en train de penser au prochain que l’on va choisir. Et ainsi de suite. Au final, on pourrait manger presque tout le paquet sans faire attention. C’est important d’avoir des envies, mais c’est aussi important de les contrôler un peu pour ne pas qu’elles nous fassent faire n’importe quoi.”
Lui – “Ah oui, à Pâques, j’avais mangé tous les œufs. Je me souviens.”
Moi – “Oui, nos envies nous incitent à vouloir toujours plus. Mais, imagine la planète Terre, moi, je la vois comme un énorme gâteau. À chaque fois qu’on achète un objet comme un jouet par exemple, c’est comme si on en prenait une petite part.”
Lui – “Pourquoi ?”
Moi – “Parce que pour fabriquer ce jouet, il faut utiliser un peu des réserves naturelles de la planète (le bois, l’eau, du pétrole…).”
Lui – “Mais alors, ça se peut qu’un jour, il n’y en ait plus ?”
Moi – “En fait, ce gâteau, il est un peu magique. Si on le laisse un peu tranquille et que l’on n’est pas tout le temps en train de manger des parts, alors certaines parts peuvent se régénérer toutes seules. Les ressources naturelles comme les arbres, les plantes sont capables de repousser, l’eau ou le sol peuvent même se dépolluer tous seuls avec le temps. Ne pas acheter tout le temps des objets, c’est laisser le temps à la planète de se réparer.”
Lui – “Oui, mais si les objets existent déjà, c’est mieux de les acheter sinon ils vont partir à la poubelle ?”
Moi – “Non, parce que si on achète moins de jouets, les entreprises en fabriqueront moins. Veux-tu que l’on passe à la ludothèque après le stade ? On pourra emprunter un jeu ? C’est malin, ça permet de partager avec d’autres familles, le même petit morceau que l’on a pris à la nature.”
Lui – “Oui, mais après le goûter, alors car ça m’a donné faim cette histoire.
😏 Les enfants sont formidables !
2. Surconsommation, quand tu nous tiens.
L’abondance d’énergies fossiles disponibles dans le sol a engendré depuis 150 ans une croissance démesurée du nombre d’objets dans nos vies. En effet, grâce à la puissance énergétique du pétrole, du gaz et du charbon, nous avons pu faire fonctionner de plus en plus de machines, de manière de plus en plus efficace et fabriquer ainsi la quasi-totalité des objets qui nous entourent. Que ceux-ci nous servent tous les jours ou qu’on les utilise une fois l’an comme notre appareil à raclette, leur production et le transport ont consommé beaucoup de ressources et libéré énormément de CO2.
Nous vivons dans une société de “surabondance frustrée”, comme le dit l’économiste Vincent Liegey. Nous voulons posséder toujours plus, et quand nous l’obtenons, nous sommes frustrés de ne pas avoir plus encore. Notre infini désir “d’avoir”, crée une forme de dépendance en nous vendant le bonheur à portée de carte bancaire.
Mais l’avoir et l’argent font ils le bonheur ?
L’économiste Easterlin a montré qu’à partir d’un certain niveau de richesse, “avoir plus ne fait plus le bonheur”. En résumé, une fois qu’on bénéficie des ressources essentielles à une bonne vie, gagner plus d’argent ou acquérir plus d’objets ne nous rend pas plus heureux. Parce que ce n’est pas tant notre niveau de richesse que nous regardons, que la différence avec celui du voisin. Nous nous comparons avec les autres et c’est ça qui donne envie à des personnes très riches de devenir très très riches.
Alors, si nous avons tous ici la richesse financière et matérielle minimale nécessaire pour subvenir à nos besoins primaires (manger, boire, avoir un toit, etc.), concentrons nous sur LA richesse essentielle, celle qui transforme la vie en moments extraordinaires, celle qui transforme “l’avoir” en “être” : le lien avec les autres. Je vous souhaite le meilleur, de bonnes relations amicales, affectives, des moments de convivialité, un environnement sain, etc.
3. Les petits chiffres qui vont bien !
Selon une étude de l’Ademe, 2,5 tonnes d’objets en moyenne sont cumulés dans chaque logement, ce qui correspond à 45 tonnes de matières pour les fabriquer. En demandant aux familles étudiées de se séparer de ce dont elles n’avaient pas besoin, elles ont supprimé 31% de leurs objets en moyenne.
Le poids des objets et constructions humaines dépasse celui de l’ensemble du vivant sur Terre.
Sur notre planète, les 10% les plus riches sont responsables de 50% des émissions de gaz à effet de serre.
L’empreinte écologique de l’humanité a dépassé la biocapacité de la Terre vers 1970.
4. 4 bonnes pratiques pour éviter les gifles !
Plutôt que d’acheter un objet dont vous aurez besoin une ou deux fois dans l’année (comme une perceuse par exemple), pensez à mutualiser les objets. Il y a sûrement un voisin qui en a une et sinon, il existe de nombreuses ressourceries et recycleries, recensées sur ce site.
Faites régulièrement un grand rangement de printemps ou d’automne chez vous : remettez à leur place les objets que vous voulez garder, séparez-vous de ceux dont vous n’avez pas l’utilité, en les donnant ou en les prêtant.
Au moment de l’achat, réfléchissez, en utilisant la méthode BISOU !
Lorsque vous offrez un cadeau, sachez que vous n’êtes pas obligé d’acheter un objet physique. Pensez à proposer un moment privilégié comme un bon restaurant ou un dîner original à la maison, une soirée en famille dans une cabane… ce sera autant de nouveaux souvenirs qui renforceront vos liens.
Pour que les enfants ne se sentent pas en décalage avec les produits qu’ont leurs camarades d’école, le mieux est d’en discuter avec eux, d’interroger leurs besoins, de comprendre leurs émotions. C’est dans cet échange avec l’enfant que vous pourrez ensuite fixer des limites, que ce soit en termes de temps devant les écrans ou d’achats de vêtements de marque. Pour les jeux, livres et les BD, pensez aux ludothèques et aux médiathèques ;) !👍
Ressources à consommer sans modération !
Le discours de remise de diplôme de l’ingénieur Clément Choisne. “Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités de notre société ne cessent de s’aggraver, [...] je suis incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation.”
Le livre “Vers la sobriété heureuse” de Pierre Rabhi, ou cette interview en vidéo.
Le documentaire “Comment sortir de la surconsommation ?”
La vidéo “Peut-on sortir de la société d’hyper consommation ?”
Sur ce, rendez-vous mardi dans 15 jours pour découvrir la prochaine gifle à éviter sur le thème de l’effort écologique.
Avant de partir, j’ai 2 services à vous demander :
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Hâte d’avoir vos retours :)
Amandine
PS : Si on ne se connaît pas encore, je m’appelle Amandine Fréry, je suis la maman de 2 enfants de 7 et 11 ans, la co-fondatrice et directrice de rédaction de Mission Plancton : des magazines mensuels dans lesquels votre enfant devient le héros d’aventures rigolotes pour apprendre à sauver la planète ! Vous voulez abonner un enfant ? Voici un code promotionnel “LAGIFLE”, c’est cadeau !
Un dernier point mais pas des moindres, Merci à Sophie et Tanguy pour votre aide sur cette news.
sur certains terreaux les graines sont longues à germer ... mon fils de 17 ans est un consommateur assumé, mais je sais qu'il entend nos explications et qu'un jour il comprendra ...
1ere fois que je lis cette news letter, certainement pas la dernière :)
Nous avons eu récemment un équivalent de notre fils 6ans« pourquoi on ne prend pas l’avion? […] ils volent de toute façon, même sans nous dedans, ils polluent »… pas évident de lui expliquer l’offre et la demande etc